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Mois : juillet 2020

Conclusions du SEGUR de la santé, l’analyse du CHFO

Finalement, le gouvernement a décidé de ne pas laisser d’intervalle entre ce rapport et ses propres annonces. Le Ministre des Solidarités et de la Santé avait donc mobilisé trois de ses collègues du gouvernement pour ces annonces : Jacqueline GOURAULT en charge de la cohésion des territoires, Frédérique VIDAL pour l’enseignement supérieur et la recherche, et Brigitte BOURGUIGNON ministre déléguée en charge de l’autonomie.

Le délai qui a été pris avant la remise du rapport a sans doute permis un « alignement » entre recommandations et annonces, et ces dernières collent globalement aux propositions du SEGUR.

Si les accords Carrières et rémunérations peuvent légitimement être qualifiés d’historiques, tant l’habitude de la négociation collective avait été perdue dans la FPH, on se gardera de tout superlatif pour l’ensemble des autres mesures. Les annonces de novembre 2019 étaient déjà qualifiées d’historiques, et bon nombre d’entre elles sont recyclées ce mois de juillet 2020.

Comme nous l’avons déjà exprimé, les piliers 2-3-4 ont fait l’objet d’une concertation pendant 4 semaines, délai volontariste mais particulièrement contraint vu l’ampleur des sujets. Cette démarche somme toute assez classique a permis l’expression des participants. La synthèse, quant à elle, est restée entièrement à la main des pilotes et il n’y a pas eu de contradictoire sur un avant-projet. Nous ne sommes donc pas du tout dans le même registre que pour les accords négociés. Ces travaux du SEGUR n’ont donc pas résolu les interrogations sur la capacité collective de co-construction démocratique des réponses. Le débat n’est pas clos : d’une part de nombreuses mesures vont nécessiter un débat parlementaire, et d’autre part il est attendu des modalités pour assurer un suivi des engagements pris.

Quelle analyse globale peut-on faire des choix annoncés par le gouvernement le 21 juillet ?

Une grande continuité

Tout d’abord il est mis à de nombreuses reprises l’accent sur la continuité : « diagnostic toujours valable », « poursuivre la modernisation de notre système de santé », « accélérer les transformations engagées par Ma Santé 2022 », « poursuivre la feuille de route de réforme des financements », etc. Nous sommes donc loin de l’ambition de « se réinventer », alors que le PR reconnaissait au mois mai « une erreur dans la stratégie annoncée il y a 2 ans ».

Pour autant, dans les 33 mesures, des inflexions à la politique « ma santé 2022 » sont à noter, tantôt par accélération, mais aussi par réorientation ou introduction de sujets nouveaux.

Des inflexions notables

Parmi les inflexions notables, il y a la remise en jeu des élus locaux au niveau des ARS, des CRSA et CTS, au niveau des choix d’investissements et dans les actions de lutte contre les inégalités. Cela était symbolisé par la présence de Jacqueline GOURAULT lors de la séance de conclusion et répond plus à l’agenda politique du moment qu’aux travaux intrinsèques du SEGUR, auxquels ces élus ont peu participé. Même si certains professionnels dénoncent parfois la politisation des décisions en santé, nous pensons au contraire que l’hôpital public n’a pas à perdre de sa réintroduction dans un débat plus démocratique que technocratique.

Dans les inflexions, il y a aussi l’engagement d’un accroissement sensible de l’effort de formation de professionnels paramédicaux ; cet engagement doit être étendu aux médecins avec des objectifs volontaristes.

Pour le CHFO, la pénurie des professions médicales doit être affrontée plus vigoureusement, elle pèse gravement sur l’accès aux soins dans les territoires, sur la continuité des activités hospitalières, et sur le climat dans les équipes, facteurs de fuite alors que les vocations existent.

Des nouveautés à suivre

Parmi les nouveautés à suivre avec attention, il y a la création d’une instance stratégique régionale de réduction des inégalités de santé, l’introduction du sujet de la transition énergétique.

Des manques flagrants

Parmi les manques flagrants, il y a la question même des modalités de gestion de crise pour l’avenir, qui ont été tenues à l’écart. C’est un paradoxe pour un SEGUR issu de la crise COVID. Certes le bilan est en cours et la crise elle-même n’est pas achevée. Mais il s’agit aussi de questionner le pilotage global du système de santé au plan national et régional. On peut espérer que cela reviendra à l’ordre du jour du SEGUR de Santé publique que le Ministre a appelé de ses vœux, avec les questions de prévention et d’éducation.

Des interrogations fortes

Parmi les interrogations fortes, restent les 2 sujets du financement et de l’investissement. S’agissant de la « rénovation » de l’ONDAM, sa consistance reste incertaine, et les contraintes de régulation risquent de revenir au galop. D’ores et déjà les règles de financement qui seront appliquées 2021 sont une inquiétude majeure pour les responsables d’établissements.

Pour l’investissement, la lenteur à concrétiser la « reprise de dette » de 13Mds annoncée en fin d’année dernière a laissé sceptique ; finalement on sait maintenant que ce n’est pas une reprise dette mais une couverture partielle des annuités, donc avec un impact dilué. Quant aux autres 6 milliards annoncés, les modalités du futur plan ne sont pas assurées : s’agit-il de 6Mds d’aides ? De 6Mds à investir aidés partiellement en dotations ou en accompagnement titre 4 ? La clarification est nécessaire.

Continuité ou inflexion ? Nous en faisons la revue pour chaque Pilier dans la note ci-jointe : les 33 mesures du SEGUR de la Santé, la lecture du CHFO

 

POUR UN SERVICE PUBLIC PLUS FORT, POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL, LE CHFO CONTINUE.

 

SEGUR de la santé, où en sommes-nous ?

Les négociations sur le Pilier 1

Sur la méthode de négociation :

Pour la négociation sur les rémunérations et les carrières non médicales, il a fallu attendre le 19 juin pour que les représentants du ministère soumettent aux organisations syndicales un projet de protocole d’accord non chiffré. FO a aussitôt fait connaître ses propositions d’amendements très nombreuses, en particulier pour souligner la priorité des revalorisations indiciaires, pour inscrire pleinement le champ médicosocial dans l’accord, mais également pour élargir le champ des mesures d’attractivité sur les carrières (personnels médicotechniques, encadrement, personnels de direction).

Les premières propositions chiffrées ne sont intervenues que le 24 juin, soit 1 mois après l’ouverture du Ségur ! Elles ont conduit à un blocage tant elles étaient éloignées des revendications portées en intersyndical. Le changement de gouvernement reporte la relance des discussions au 7 juillet, avec de nouvelles propositions financières, mais aussi un rééquilibrage en faveur de l’indiciaire, un élargissement du champ des catégories revalorisées et une accélération du calendrier de mise en œuvre.

Sur le fond du projet d’accord pour les cadres hospitaliers :

Alors que dans sa proposition initiale, le gouvernement ne donnait aucune ouverture sur les cadres et les directeurs, Force Ouvrière a forcé la porte, en argumentant dès le 2 juin auprès de Nicole NOTAT sur la grave crise d’attractivité que rencontrent nos métiers et avions remis une plateforme de 18 propositions.

Le 19 juin, lors de la présentation du premier projet d’accord, la porte était toujours fermée et nous avons poussé nos amendements. Malgré le cadre contraint, nous avons priorisé la question de la revalorisation des directeurs des soins, au nom de la cohérence d’une révision globale pour la filière soignante. Nous avons aussi plaidé sur l’enjeu d’attractivité pour les EHPAD et le secteur médico-social pour inscrire la question de l’unicité des corps DH D3S. Nous avons eu un premier accord en séance sur la question des Directeurs des soins, puis la question avait à nouveau disparu fin juin du texte avant que les négociations ne soient suspendues. Ce déroulement chaotique nous a empêché de communiquer vers les collègues.

La discussion a repris mardi 7 jusqu’à la nuit du mercredi au jeudi 9 juillet. Désormais la revalorisation socle s’appliquera à toutes les catégories. Et c’est une chose entendue, la révision de la grille indiciaire des carrières de DS est actée !

Notre amendement pour inscrire la question de l’unicité des corps DH et D3S dans le protocole a été rejeté ; nous l’avons plaidé au nom des enjeux d’attractivité pour le champ médicosocial, mais globalement celui-ci est peu pris en compte dans ce SEGUR, avec la tactique de renvoi à la loi autonomie, qui plus est, annoncée maintenant pour la fin du quinquennat ! Cela reste notre priorité de l’agenda social, et le report permanent de l’échéance ne passera pas. 

Vous trouverez ci-joint 3 versions du projet d’accord : la version initiale du gouvernement, la même avec les propositions d’amendement FO (voir lignes 63 et 65), et celle actée en conclusion des négociations (voir ligne 113). Le CHFO fait ce qu’il dit et vous dit ce qu’il fait.

C’est donc un demi-succès pour nous, mais avec quand même une reconnaissance d’ampleur pour les professionnels du service public de santé. La revalorisation socle est devenue unique et applicable pour tous les métiers, y compris de direction.

Le point qui doit évoluer rapidement est celui de l’extension de cette revalorisation socle à toute la FPH (champ social et médicosocial), le premier ministre ayant refusé de l’inscrire dans le projet, sans toutefois fermer la porte aux négociations.

Et les autres « Piliers » ?

Bien entendu nous gardons la même vigilance et combativité sur les autres volets du SEGUR.

La question de la gouvernance en particulier a fait l’objet de propositions incohérentes, voire farfelues qui n’ont pas rencontré de consensus. Rien dans cette affaire n’a ressemblé à une négociation sérieuse avec des organisations représentatives. Nous avons tenu avec d’autres la position d’une gouvernance des établissements qui a fonctionné et qui doit être confortée, animée par le trio Directeur PCME Directeur des soins, dans la clarté des responsabilités et des missions de chacun. Toute autre voie que le gouvernement entendrait faire sortir du chapeau rencontrera notre opposition farouche.

Le 10 juillet, la présentation des conclusions des groupes s’est limitée à une revue des thématiques traitées. Pour certaines, il s’agit d’un simple « rafraîchissement » des orientations de Ma Santé 2022, pour d’autres, il s’agit d’une inflexion plus marquée, quand il est question de changer la construction de l’ONDAM ou de supprimer le COPERMO. Mais le détail des propositions, si détail il y a, n’est pas encore communiqué, or les débats n’ont pas été consensuels sur tous les sujets !

De plus le ministre a fait savoir qu’il ferait son marché dans ces recommandations. La publication des conclusions ne sera donc pas une conclusion…

En guise de conclusion provisoire 

Cette phase du SEGUR de la SANTE a évité de peu l’échec complet ; les syndicats se sont montré dans l’ensemble unis pour obtenir des avancées, c’est une leçon pour l’avenir. La notion de négociation était reléguée dans les limbes depuis plusieurs années, le ministre l’a reconnu à demi-mot le 10 juillet.

Et puisqu’il veut replacer le dialogue social au coeur de son ministère, le CHFO est prêt, nous porterons tous les dossiers qui n’ont pu être traités dans ces quelques semaines.

Consultez :

Communiqué de soutien aux hôpitaux guyanais

La barre des 4000 cas ayant été franchie, un pic épidémique est attendu mi-juillet.

Dans un contexte hors du commun et après 5 mois de mobilisation, les hospitaliers des établissements du groupement hospitalier de territoire de la Guyane, continuent à organiser les dispositifs de prise en charge au bénéfice de la population guyanaise, malgré des ressources insuffisantes tant humaines que matérielles. Ainsi, le centre hospitalier de l’ouest guyanais a transformé des lits de soins continus en places de réanimation et le centre hospitalier de Cayenne a, en moins de quatre semaines, quadruplé sa capacité d’accueil en lits COVID-19.

Ces efforts sont remarquables et le syndicat FO-cadres hospitaliers apporte tout son soutien aux équipes de direction en poste ainsi qu’aux communautés hospitalières en première ligne dans la lutte contre l’épidémie.

Le syndicat FO-cadres hospitaliers, à l’aune de l’évènement que représente la visite en Guyane de Monsieur le 1er Ministre, demande aux pouvoirs publics d’intervenir vigoureusement et d’apporter aux hôpitaux guyanais un appui à la hauteur de la catastrophe qui se dessine.

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