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Les paramédicaux doivent être entendus et les Directeurs des Soins présents dans la gouvernance hospitalière

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La Commission Administrative Paritaire réunie ce jour est une instance dite d'installation. Aucune situation individuelle n'a été traitée.

Déclaration liminaire des représentants CHFO

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, chères et chers collègues,

Cette CAPN s’effectue dans un contexte de crise hospitalière et fait suite au discours prononcé par le président de la République, le 6 janvier dernier. Le CHFO s’est déjà exprimé sur les annonces faites (lire ici).

La situation du service public hospitalier est grave « tout notre système de santé est à bout de souffle » c’est ce qu’exprimait le ministre de la santé lors de sa prise de poste. Mais aujourd’hui, les commentaires ne suffisent plus, il faut des actes !

L’hôpital public, c’est aussi 400 000 lits, des plateaux techniques performants, un des plus gros employeurs, un des plus grand formateurs, des personnels à toutes les strates de la hiérarchie, compétents et engagés.

Alors comment est-on arrivé à enrayer l’hôpital ?

Il y a des mesures d’urgence à prendre parce que la crise perdure. L’hôpital public ne peut plus se contenter de simples mesures d’accompagnement. Pour reconstruire, il faut un véritable plan MARSHALL.

Car, n’en déplaise à Monsieur le Président de la République c’est avant tout une crise de moyens et de décisions qui, à l’aune des réformes successives, a conduit à la situation actuelle.

Une augmentation des quotas trop tardive et poussive

La pénurie médicale est liée au choix d’un numérus clausus drastique maintenu pendant 30 ans. Dire que sa suppression et que l’augmentation des quotas de 20 % de la formation en soins infirmiers permettra des résultats dans quelques années est un leurre. Il faut définir un cap réel et mobiliser plus fortement le levier de la formation.

Dans certaines régions, les quotas infirmiers ont été diminuées jusqu’en 2014 ! L’augmentation des quotas infirmiers à sur le terrain un gout amer, demandes d’infrastructures retoquées, moyens humains et pédagogiques non financés. Cette hétérogénéité est peu médiatisée mais bien réelle.

Au final, numérus clausus, quotas paramédicaux, reflètent quarante ans d’absence de corrélation réelle entre besoins de formation et besoins en santé, de surcroit sans tenir compte des évolutions sociétales.

Il n’en demeure qu’effectivement il est plus facile d’augmenter rapidement le nombre de paramédicaux que celui des médecins. Et il faudra grandement « paramédicaliser » l’offre de soins.

Des mesures d’urgences, OUI ! Des modifications structurelles des formations en six mois, NON !

30 % des étudiants en soins infirmiers ne finissent pas leur formation, 15 % n’ont pas le diplôme. Les étudiants, quelle que soit la filière, ont besoin avant tout d’accompagnement car les conditions se durcissent pour tous, et surtout pour eux. Pour réaliser cet accompagnement, quelles ressources sont données aux directions des instituts de formation ? au terrain? Inutile de s’étonner des arrêts de formation, indépendamment de PARCOURSUP !

Les métiers du soin nécessitent du temps

En effet, les métiers du soin ne peuvent pas se faire sans engagement. Ils nécessitent des valeurs humanistes qui ne peuvent être minimalistes. Les étudiants et les professionnels veulent pouvoir travailler et/ou apprendre dans de bonnes conditions. Ils veulent pouvoir accorder le temps nécessaire aux usagers. Ces derniers relèvent d’une réalité plurielle et d’une histoire personnelle qui nécessite des soins adaptés, appropriés. Les paramédicaux ont besoin d’autonomie dans une organisation résolument tournée vers le patient.

Les organisations sont décrétées inopérantes sans concertation avec les Directions des Soins ainsi qu’avec les paramédicaux, et surtout sans leur donner les moyens

Or, encore une fois, les organisations en place sont détricotées pour en imposer d’autres dans un délai contraint, au prétexte qu’elles sont inopérantes. Sans tenir compte des paramédicaux ni des besoins des usagers.

Le cliché de l’hôpital qui ne sait pas s’organiser est empreint de mépris pour le travail de fond fourni par l’encadrement, les directions et la direction des soins.

Le carcan des 35 heures est également un faux problème. Ce sont les conditions dans lesquelles les 35h ont été mises en œuvre qui en est un. Les organisations étaient calibrées et adaptées. Les moyens humains n’ont pas suivi, obligeant à rogner sur les temps de relève, fragilisant ainsi la continuité des soins, tout en provoquant une intensification du travail et une perte de sens !

Arrêtons de mettre la pression sur l’hôpital avec une enième réorganisation !

Mettre une pression supplémentaire sur l’hôpital en termes de réorganisation, alors qu’il est en tension et que les directions doivent faire face à la pénurie ainsi qu’à ses conséquences va provoquer une surcharge pour toute la communauté hospitalière.

Encore une fois, la pression et la tension retomberont sur les équipes de direction !

Comme si cela ne suffisait pas pour déséquilibrer un système fragilisé, la question de la gouvernance se pose à nouveau dans le cadre de la mise en œuvre d’un tandem médico-administratif afin de favoriser l’implication des médecins !

La gouvernance hospitalière doit être un trinôme Directeur/Président de CME/Coordonnateur des soins.

Or, si les médecins sont indispensables, les paramédicaux ne le sont pas moins. D’ailleurs les services sont fermés plus par manque de paramédicaux que de médecins. Il est indispensable pour restaurer l’attractivité de reconnaitre la filière paramédicale et de lui donner la place qu’elle mérite dans la gouvernance au sein de ce trinôme Directeur/Président de CME/Coordonnateur des soins.

C’est les vœux que nous formulons pour 2023, que la place des paramédicaux soit reconnue. Il vient avec les vœux sincères que nous adressons à nos collègues des autres organisations syndicales, ainsi qu’aux cadres et collaborateurs du CNG et de la DGOS.

Les réponses de l’Administration aux déclarations liminaires :

La présidente du CNG souhaite réitérer sa reconnaissance pour l’engagement et le courage des professionnels de santé face à la crise et la perte d’attractivité des métiers de la santé.

Elle entend les inquiétudes des représentants syndicaux de cette CAPN suite au discours du Président de  la République sur les 35 Heures , la réorganisation hospitalière et la gouvernance.

Elle précise que des travaux suite à ces annonces vont s’engager et que tous les partenaires et bien entendu les représentants syndicaux seront conviés.

Elle entend la demande de reconnaissance de la place du Directeur des Soins au sein de la gouvernance hospitalière.

Elle précise qu’il y a eu déjà des avancées. Elle réitère le soutien du CNG au corps des Directeurs des Soins et également dans le cadre du suivi des dossiers individuels.

Monsieur Emmanuel Savarin, représentant de la DGOS, précise que la réunion du 17 janvier sera l’occasion de parler de toutes les demandes formulées et de la place du Coordonnateur Général des Soins au sein de la gouvernance.

A la suite de ces échanges, la CAPN passe à l’examen du Règlement Intérieur.

Le règlement intérieur est adopté à l’unanimité.

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